DES SABOTS SAINS

par Sophie Gauthier, agr
Directrice générale

E.  Guide des bonnes pratiques pour des sabots sains

Depuis quelques semaines nous avons décortiqué de près, le volet des bienfaits d’une alimentation équilibrée sur la croissance et l’intégrité des sabots. Toutefois, bien d’autres facteurs sont à considérer.  La génétique, l’environnement, l’exercice et l’entretien des sabots ont eux aussi leurs mots à dire sur la santé des pieds.

Génétique

La génétique, la science de l’hérédité, s’intéresse à la transmission des gènes entre les géniteurs et leur descendance. Elle explique parfois pourquoi certains animaux dans le même environnement, avec la même ration et avec des conditions de travail et de gestion similaires, développent des problèmes de sabots, contrairement à d’autres. La maladie de séparation de la paroi du sabot (HWSD) spécifique à la race de poney Connemara, est vraiment un très bon exemple d’un défaut transmit génétiquement.

La conformation, les dimensions, la consistance et la symétrie des membres et des sabots relèvent en partie de la génétique et différencient les chevaux entre eux. Certains ont un héritage meilleur que les autres en ce qui concerne leur intégrité structurelle des pieds leur permettant ainsi de demeurer sains, là ou d’autres développeraient des lésions.  

Prendre connaissance des ancêtres d’un cheval peut parfois nous en dire long et la sélection pour une bonne conformation est à prioriser chez les éleveurs. Lors de l’achat de votre cheval, Il est primordial de prendre le temps d’évaluer sa conformation afin de s’assurer qu’elle se rapproche des standards caractérisés pour de bons pieds et membres.

Environnement

Au-delà de la génétique bien entendu, l’environnement dans lequel l’animal évolue influence la qualité de ses sabots. La texture du sol, l’humidité et la température ambiante deviennent tous des facteurs influents.

Le climat et la saison ont un impact sur le taux de croissance du sabot. La croissance des sabots en températures froides est plus lente. Pour tout animal, avoir toujours les pieds dans l’eau, la boue ou même dans un box mal entretenu (souillé d’urine et de fumier), sont sources de complications. La propreté du milieu est de mise pour des sabots sains. À ce sujet, voir en annexe l’article concernant la pourriture de la fourchette.

Par ailleurs, l’hydratation du sabot, déterminant sa force et sa souplesse, est soumise à l’influence des conditions environnementales.  Les conditions trop sèches favoriseront les fendillements de la boîte cornée et à l’opposé, trop d’humidité occasionnera des sabots mous plus sensibles aux chocs.   

Prioriser un environnement adéquat pour le cheval c’est mettre toutes les chances de notre côté pour conserver l’intégrité de ses sabots. Utiliser un asséchant de litière peut être fort utile pour l’hygiène des box.

 L’exercice

Un exercice quotidien est nécessaire pour le bien-être des chevaux mais aussi très important pour la santé des sabots.  Le pied est très vascularisé et sa circulation sanguine, optimisée lorsque le cheval est en mouvement, est primordiale pour ses apports en nutriments. Par ailleurs, l’animal confiné dans sa stalle avec un manque marqué d’exercice est souvent une cause des cas d’enflure au niveau des membres.

Le cheval n’est pas un animal sédentaire, se rapprocher de sa nature est une base importante pour la santé de ses pieds.

 L’entretien

En ce qui a trait à la prévention de certaines pathologies des pieds, les soins conférés aux sabots s’avèrent essentiels et ne doivent pas être négligés. Un nettoyage consistant à enlever les débris au niveau de la sole et de la fourchette et une inspection régulière des structures externes du pied permettent parfois d’éviter la formation d’abcès et d’identifier certaines anomalies comme par exemple des ecchymoses, fissures ou odeurs et ainsi réagir plus rapidement pour les soins appropriés.

De plus, la croissance de la boite cornée étant constante, le parage des sabots, qui consiste à enlever l’excédent de la corne, est nécessaire pour éviter les anomalies au niveau de leurs structures. Il est important de préserver la forme, l’angle et la longueur du sabot pour éviter les risques de boiteries reliés à une malformation du pied.

La visite d’un maréchal ferrant qualifié est de mise et la fréquence de ses visites est relative à la vitesse de croissance des sabots selon l’âge, la saison et la santé de l’animal. Le degré à lequel la surface du sol provoquera l’usure des sabots entrera elle aussi en ligne de compte.

Voici un tableau proposant une fréquence moyenne pour le parage des sabots.

Veillez à la propreté et la taille adéquate des sabots permet de réduire l’incidence des boiteries. En cas de problème de pied et/ou d’aplomb, réagisser rapidement et consulter un professionnel.

Conclusion

La santé des sabots repose en fait sur un tout. Voici brièvement les règles de base à prioriser pour favoriser le développement et la croissance des tissus du sabot et le maintien de son intégrité:

1.      Prioriser une nutrition équilibrée sans excès ni déficience respectant la physiologie digestive du cheval

2.      Sélectionner pour une bonne conformation

3.      Favoriser un environnement adéquat

4.      Respecter un niveau d’exercice minimum

5.      Assurer un entretien et un parage régulier des sabots

Retenez surtout que l’un des critères de ces bonnes pratiques ne remplace pas l’autre. C’est dans l’union de ces facteurs que le sabot trouvera sa force. Mettez le pied à l’étrier et veillez au confort et au bien-être de votre monture.

 Lecture complémentaire : La pourriture de la fourchette